Ces deux figures de l'insurrection kabyle et parisienne (Fadhma N' Soumer et Louise Michel) sont soit oubliées, soit réduites à l'image d'égérie révolutionnaire. Elles ont pourtant réalisé ce que les hommes politiques peinent à faire : prendre soin des plus faibles et s'armer contre les puissants.
La dramaturgie dessine l'intimité de ces deux femmes dont les destins extraordinaires croisent l'histoire de l'Algérie, de la France, de la Nouvelle Calédonie et éclairent les luttes actuelles d'une autre féminité.
Un théâtre entre spectacle et sciences où la poésie, le chant et l'humour permettent de partager les richesses de nos sociétés.
Les artistes se démultiplient pour donner corps aux révoltes populaires d'hier et d'aujourd'hui, aux chants d'amour ou d'abandon, voix aux machines ouvrières et cris aux décors de guerre
Mise en scène : Virginie Aimone & Jeremy Beschon
Texte : Virginie Aimone
avec la collaboration de Jeremy Beschon et la complicité de
Tassadit Yacine (anthropologue EHESS Paris).
Sur une idée de Nadia Ammour et Virginie Aimone
Comédiens : Virginie Aimone, Olivier Boudrand, Franck Vrahidès
Musique : Franck Vrahidès et Tom Spectrum
Création sonore : Antoine Perrin et Tom Spectrum
Création lumière : Jean Louis Floro / Construction Cyrille Laurent
Costumes : Virginie Aimone
1 / Deux destins à croiser
1830 la France envoie son armée conquérir l’actuelle Algérie. Au même moment, de chaque côté de la Méditerranée, deux petites filles voient le jour. Fadhma N’ Soumer et Louise Michel. Ces deux enfants, que rien ne relie en apparence, vont jouer un rôle fondamental dans l’histoire de leur pays, de leur classe et de leur sexe.
Tandis que Fadhma N’ Soumer prendra la tête de la résistance qui mène à l’insurrection Algérienne de 1871 contre l’occupation française et les injustices sociales, Louise Michel sera la figure de proue de la Commune de Paris en 1871. Elles veulent se battre pour la justice, pour l’égalité, pour leur pays mais en tant que femmes elles se heurteront à des barrières dans leur propre camps, leur propre famille. Elles seront toutes deux accusées de sorcellerie, présentées comme assoiffées de sang, affublées de quolibets dégradants visant leur féminité et leur sexualité tels que vierge rouge ou louve noire, la Jeanne d’Arc du Djurdjura d’un côté et Jeanne d’Arc la pucelle de l’autre...
Lorsque des femmes prennent les armes (matérielles ou symboliques), lorsqu’elles affirment leur force et leur personnalité, elles sont perçues comme démoniaques ou saintes suivant si on est pour ou contre leur lutte...
«1871 - Fadhma & Louise le cri des peuples » est une rencontre à la croisées des chemins révolutionnaires. Deux insoumises, exilées ayant donné un souffle aux luttes populaires dont nous jouissons encore aujourd'hui des acquis. Un combat à poursuive plus que jamais des deux rives de la méditerranée...
2/ Sur scène
Jadis l'oralité (poésie populaire, chants, troubadours) renseignait les gens de l'état du monde, tels les premiers médias conjuguant information et évasion. Cette oralité, narrant le monde et sa complexité, sera matérialisée par le personnage de Yemma (déesse kabyle). Cette narratrice nous fera voyager de 1830 à nos jours entre la France, l'Algérie et la Nouvelle Calédonie dévoilant avec les destins de deux femmes, ceux des pays et des peuples en pleine effervescence...
C'est en chantant que nous verrons l'armée d'Afrique envahir les terres d'Algérie. Instruments acoustiques mêlés aux cadences digitales marqueront les pas des bottes des soldats. C'est en chantant « la semaine sanglante » qu'ils nous feront prendre part au combat des communards et communardes.
Nous rencontrerons le Cheik Mokrani, Emile Ollivier et Napoléon III. Nous assisterons aux procès de deux combattantes : Fadhma N'Soumer et Louise Michel. A travers leurs yeux nous nous familiariserons avec leur alliés, ceux d'en bas, ceux dont le ventre est vide et qui ont aussi leur version de l'histoire à raconter et leurs poésies à chanter. Nous rirons avec elles de la bêtise de certains hommes de lois.
Au théâtre, la vie et la mort, l'histoire et le surnaturel se côtoient ; Yemma a concocté un nid dans l’au-delà où nos deux héroïnes peuvent se rencontrer, se conseiller, se raconter, mais aussi nous voir aujourd'hui... Le « progrès » a fait son chemin, les pays s'enrichissent, les inégalités se creusent, les droits se perdent, ordre ne tient finalement que parce qu'il repose sur la plateforme de individualisme posé sur les 3 piliers de l'injustice : sociale, raciale, sexiste. Accepterons-nous de nous regarder dans le miroir qu'elles nous tendent ?
La mise en scène libère, par les techniques du théâtre corporel et les envolées de la musique mêlant tradition et électro', le potentiel créatif des interprètes. Comédiens et musiciens, accompagnés de lumières scénographiques et de son spatialisé, jouent plusieurs personnages, plusieurs lieux, plusieurs époques. En interaction avec le public, ils sont à eux seuls : la multitude des révoltes et des armées, les personnages historiques, les singularités des héroïnes et traversées fantastiques...
3 / La presse en parle
« Ce spectacle total mêle chant, musique, voix off et jeu d’acteurs dans une mise en scène au cordeau et un jeu de lumière ciselé. Poétique et interprété par des artistes de talent, le spectacle est un vibrant hommage, à toutes ces femmes et à tous ces hommes qui se battent pour un monde plus juste et plus libre, où la paix et la solidarité ne seraient pas de vains mots. » Mprovence
« Les engagements de Fadhma et Louise pointent des problématiques qui perdureront bien au-delà de leur 19e siècle. C’est l’une des réussites de la pièce écrite par Virginie Aimone, également interprète et co-metteuse en scène, que de donner à cette fiction historique une portée éminemment actuelle. Entourée des excellents Olivier Boudrand et Franck Vrahidès (dont les incursions musicales à la guitare adoucissent la gravité dramaturgique), la comédienne incarne avec conviction les deux figures emblématiques aux idéaux dont la convergence apparaît comme une évidence, notamment dans la mise en scène de leurs procès respectifs. Une fusion qui conforte la sororité des luttes. » Zibeline
« Une pièce qui illustre avec brio les mémoires franco-algériennes unies dans un seul même destin. » Journal L’Expression (Algérie)
« C'est un engagement féministe contre toutes les injustices. C'est la vitalité des luttes que l'auteure a exploré dans une dramaturgie qui allie le rêve, l'enquête historique et la joie des mémoires retrouvées. » Revue Hommes et Migrations, Musée national de l'histoire de l'immigration.
Avec le soutien du Théâtre Toursky et du Théâtre de l'Oeuvre à Marseille, de la compagnie du Théâtre du Maquis et de l'Ouvre Boite à Aix. Avec la collaboration de l'association Bruit des Mots à Bejaïa (Algérie)
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Suite au rapport demandé par Emmanuel Macron à l’historien Benjamin Stora sur « les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie », un journal national algérien, « L’Expression », a offert la possibilité aux intellectuels, chercheurs et artistes de revenir sur ce rapport.
Nous avons eu l’opportunité de nous exprimer à partir de notre nouvelle création : "1871 – Fadhma et Louise, le cri des peuples"
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