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Petit Terrien

« ..... Il est certain que nous sommes devenus humains en entendant les oiseaux chanter autour de nous et à travers nous. »

Anne Simon, directrice de recherche au CNRS.

« Des bêtes entre les lignes, essai de zoopoétique » Ed. Wildproject 2021.

 

Présentation.
Atelier destiné à des enfants de 6 à 11 ans. Cet atelier propose sur plusieurs mois de dérouler un processus de création artistique autour de la question du vivant, et des relations qui l’anime.

Sous la direction de Leslie Laugero
Avec les enfants du centre social Frais Vallon et de la MPT la Maurelle,
Marseille 13013


Postulat.

Qu’est-ce qui est vivant à part l’être humain ? Ma présence sur terre va-t-elle de soi ?
Comment l’être humain construit sa relation avec le vivant ? Dans quelles mesures nous rentrons en relation, nous affectons et sommes affectés par ce qui nous entoure ? Au cours de notre vie, quelle place donne-t-on à ce qui est vivant et non humain ? Comment réfléchit-on, donne-t-on de l’importance aux relations humaines et non-humaines. Penser le vivant de cette manière nous permet de multiplier les mondes, pour l’entrevoir du point de vue des « Autres » : des plantes, des animaux, des arbres, des insectes..... Il s’agit de déplacer son regard, se décentrer. Que signifie vivre en interdépendance ?

Au cours de ces ateliers nous ferons cette tentative poétique de faire un pas-de-côté vers d’autres espèces qui nous mènera vers des « possibilisations » de nous-mêmes et vers des histoires éventuelles...

 

Finalité.

Créer un « Être Terrestre ».

Construire une marionnette de la taille d’un enfant, un être hybride, une chimère (formes animales mélangées) constituée de matériaux organiques (bois mort, feuilles, graines, plumes...) glanés au sol en forêt. Puis, une fois sa construction terminée, les enfants retourneront au même endroit en forêt avec la marionnette, là où elle est née, pour la faire vivre.
Où dort-elle ? Que mange-t-elle ? Quel est son langage ? Quelles sont ses interactions avec les vivants, oiseaux, insectes, arbres, humains etc....? Faire l’expérience d’une écoute de l’Autre en manipulant à plusieurs la marionnette, de prise de décision collective.
Les enfants déplacent leur regard à travers celui d’un être non-humain, « l’Etre Terrestre » en portant une attention nouvelle à ce qui les entoure. De retour de cette aventure, les enfants écrivent seul, puis ensemble le récit de l’Être Terrestre.

 

Procédé.

Chaque atelier est l’occasion d’appréhender notre relation au monde :


« Imaginez cette fable : une espèce fait sécession. Elle déclare que les dix millions d’autres espèces de la Terre, ses parentes, sont de la « nature ». A savoir : non pas des êtres mais des choses, non pas des acteurs mais le décor, des ressources à portée de main.
Une espèce d’un côté, dix millions de l’autre, et pourtant, une seule famille, un seul monde. Cette fiction est notre héritage. Sa violence a contribué aux bouleversements écologiques.
C’est pourquoi nous avons une bataille culturelle à mener quant à l’importance à restituer aux vivants. .....Il s’agit de refaire connaissance : approcher les habitants de la Terre, humains compris, comme dix millions de manières d’être vivant. »

Baptiste Morizot. Enseignant-chercheur en philosophie, Maître de conférences à l’Université Aix-Marseille. « Manières d’être vivant » Ed. Acte Sud 2020.

 

Les ateliers.
QU’EST CE QUE LA TERRE ?

A partir de livres, cartes géographiques, photos, dessins et d’une mappemonde ;

Essayer de se représenter la Terre dans le système solaire.

Évoquer avec simplicité les mouvements des planètes, l’alternance jour/nuit, L’atmosphère, la gravité.

Puis Zoomer, continents, pays, région, département, Ville, quartier,

Pour Atterrir là où nous sommes, rue, bâtiment, goudron, terrain vague, puis sous le goudron.....la terre.

 

QU’EST CE QU’ÊTRE VIVANT ?

A partir de là où nous sommes, nommer ce qui nous « semble » être vivant. Questionner les différentes manières d’être vivant : Humain/non-humain ; mobile/immobile (flore, arbre, champignons, lichens, roche); visible/invisible (bactéries, virus, acariens...) ; Faire émerger les conditions pour être vivant. (Eau, photosynthèse, O2/CO2, climat tempéré) Faire émerger les besoins différents des vivants : nourriture disponible, habitats, interdépendance des espèces et des milieux. (Sol-humus, différentes forêts, rivières, mers, océans, montagnes, plaines, volcans, banquises, toundra, taïga, déserts, Atmosphère, nuage, pluie, orage, neige, vent...)


LA VIE SUR TERRE, UNE VIEILLE HISTOIRE
Quelles traces les êtres vivants laissent-ils dans le temps de leur passage sur Terre ? Empreintes (animales, humaines, végétales), fossiles, (animaux, Dinosaures, flore, arbre) peintures rupestres et pariétales, érosion de la mer, canyon de rivières. A partir des traces, réflexion autour de la « place laissée » par l’homme contemporain aux autres vivants. Occupation du sol partagé. Quelles traces laissent nos chaussures sur le sol goudronné ? La terre est-elle seulement une réserve de ressources dont les hommes disposent ?

 

UN SOL COMMUN

 

De manière à expérimenter le sol, les enfants sont invités à marcher dans de l’argile afin de réaliser l’empreinte de leurs pieds, entremêlés avec des plumes, des feuilles d’arbre. Travail réalisé avec de l’argile sur du papier cartonné

 

 

 

 

 

PORTER ATTENTION
Appréhender l’extérieur comme territoire de vie d’autres espèces que l’homme.
Lecture dehors de « Au bois dormant », Un livre de Karen Jameson et Marc Boutavant, qui raconte l’histoire d’une petite canadienne qui se promène dans la forêt avec son carnet de dessin dans l’optique de dessiner les animaux qu’elle rencontre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chaque enfant reçoit un carnet à dessin et un crayon, glane des feuilles mortes, plumes, poils, graines.... pour constituer un cahier de pistage.
Essayer de nommer ce que l’on voit, ce que l’on trouve, porter attention à ce qui nous entoure.
À l’instar des empreintes en argile, les dessins laissent une trace, en l’occurrence ici de la flore Caractéristique de la colline.

 

VISITE DU MUSÉE D’HISTOIRE NATURELLE DE MARSEILLE.

 

 

Les enfants munis de leur carnet vont prendre le temps de dessiner les animaux qui les ont le plus touchés, leur permettant ainsi d’appréhender et d’apprécier l’étendue et la diversité de la faune à l’échelle non plus locale mais planétaire.

 

 

 

 

CHIMÈRES ET ÊTRE TERRESTRE.
Par la lecture des mythes qui racontent la naissance du monde de différentes cultures, découvrir les créatures hybrides : les chimères.

 

 

 

 

 

 

Imaginer à partir de ces histoires et des animaux vus au musée un « Être Terrestre » que l’on construirait ensemble. Le décrire dans un premier temps par la parole et le dessin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

THEÂTRE D’OMBRES

Présentation des créations Polaire et Tamouk avec un temps d’échange avant et après le spectacle sur l’histoire de celles-ci, sur les spécificités du théâtre d’ombres (fonctionnement, envers du décor), sur les métiers et le vocabulaire du monde du spectacle.

Retrouvailles entre les deux groupes autour d’un pique-nique avec un premier échange sur les ateliers des uns et des autres :

 

 

 

 

 

 

 

PANTIN
Construction d’un pantin en carton pour appréhender la création de la marionnette « Être Terrestre ». Nommer les différentes parties du corps et les articulations, (la marionnette aura une forme humanoïde). Découverte des différentes sortes de marionnettes (à gaine, à fil, de table....)
Repérer les articulations sur les marionnettes apportées, et leur système de contrôle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

FORÊT

 

Pendant une journée, les enfants vont faire l’expérience physique, sensible, de ce lieu étrange, où l’humain n’est que de passage.

 

 

Appréhender la forêt en essayant d’écouter les bruits, le chant des oiseaux, le vent, les feuilles qui craquent sous les pas...

 

 

 

 

Chercher des indices pour reconnaître des arbres, des plantes, des traces d’animaux...

 

 

 

 

Glaner les branches, feuilles mortes, graines, plumes qui nous paraissent nécessaire à la construction de « l’être terrestre. »
Glaner : ramasser au sol et apprendre à différencier ce qui est mort et ce qui est vivant (à l’inverse de la cueillette)

 

 

 

 

Construction de l’Être Terrestre
En s’aidant du dessin de la chimère et du pantin, les enfants vont réaliser le « squelette » de la marionnette.

C’est le temps de transposer, d’entremêler, de créer :
Les bouts de bois glanés vont peu à peu devenir ses bras, ses jambes, ses cornes... Les écorces seront son torse, son bassin...
Les feuilles mortes deviennent peau, cheveux, ailes...

C’est aussi un temps technique, où il faut respecter les proportions, faire preuve de patience pour les temps de séchage de la colle à eau...


Vie de l’Être Terrestre
La marionnette est terminée, les enfants vont la ramener dans la forêt, au même endroit où ils ont ramassé les éléments qui la constitue et la faire « vivre » à plusieurs.

 

 

Où dort-elle ? Que mange-t-elle ? Quel est son langage ? Quelles sont ses interactions avec les vivants, oiseaux, insectes, arbres, humains etc....?
Faire l’expérience d’une écoute de l’Autre en manipulant à plusieurs la marionnette, de prise de décision collective.

 

 

 

Les enfants déplacent leur regard à travers celui d’un être non-humain, « l’Être Terrestre » en portant une attention nouvelle à ce qui les entoure.
Lors de cette expérience, l’artiste Aline Soler fera une captation sonore de ce moment particulier pour créer à partir de ces éléments le récit de cette rencontre, des enfants et de l’être terrestre.


 

Partage
A l’issue de tous ces mois de travail, de réflexion, de création, les enfants vont présenter leur marionnette, l’Etre Terrestre à leur famille, aux enfants qui n’ont pas participé aux ateliers.
Ils feront « revivre » à la marionnette, comme un souvenir, sa vie dans la forêt, sous forme d’une chorégraphie accompagnée par la création sonore réalisée par Aline Soler.
« S’ouvrir à l’universel passe par l’acceptation de nos complémentarités (....) Il nous faut apprendre à « être là », sur la planète », comme le dit sobrement Edgar Morin. Cela veut dire : apprendre à vivre, à partager, à communiquer en tant qu’humain de la planète Terre.
Et cela ne peut se faire que par une profonde prise de conscience du principe d’interdépendance qui nous lie tous, qui nous lie à la Terre et à tous les autres êtres vivants »

Valérie Cabanes, juriste en droit international spécialisée dans les droits de l’homme et de la nature. « Homo Natura, en harmonie avec le vivant ». Ed. Dans le vif. Buchet.Chastel. 2017.
Edgar Morin, Philosophe. "Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur" Ed du Seuil. 2000.

 

 

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