23 Mai 2016
"Un Robin des Bois de la Troisième République renaît grâce au collectif Manifeste Rien"
Gentleman démolisseur
"Vendredi 22 avril. L’auditorium des Archives départementales fait salle comble. On refuse du monde. Un public très nombreux et réactif (c’est plutôt réjouissant) est venu voir et entendre la première de Travailleur de la nuit, la nouvelle création du collectif Manifeste Rien. Travailleur de la nuit, ou la mise en voix et en scène d’une existence hors du commun, celle d’Alexandre Marius Jacob (1879-1954), célèbre cambrioleur marseillais. Avant de devenir spécialiste es coffres-forts, Jacob a été mousse, apprenti typographe et toujours en rupture avec l’ordre établi… Lorsqu’il décide, à 21 ans, que « c’est le sang du capital que nous ferons couler », c’est uniquement à « l’illégitime propriété » que son équipe de démolisseurs et lui s’attaquent. Pas question de s’en prendre aux professionnels utiles comme les médecins ou les architectes : on dévalise les gros propriétaires et les entreprises jugées immorales, le Mont de Piété par exemple. Et on reverse toujours une partie du butin à la Cause anarchiste. Marius Jacob et sa bande réaliseront de nombreux coups gagnants avant d’être neutralisés. Après un procès retentissant, qu’il transformera en tribune politique, le Robin des Bois de la Troisième République écopera quand même de 18 ans de bagne…
Le parcours épique (et méconnu) de ce révolté libertaire, de ce voleur atypique ne pouvait qu’intéresser Jeremy Beschon. C’est le comédien Roland Peyron qui lui en a suggéré l’idée. Prenant appui sur un monologue de Vincent Siano et sur les travaux de l’historien Jean-Marc Delpech (Voleur et Anarchiste, éditions Nada, 2015, entre autres), Beschon a écrit le texte et imaginé le spectacle. Au final, une heure réjouissante menée tambour battant par un Roland Peyron seul en scène, très à l’aise dans tous les rôles qu’il endosse, avec mention spéciale pour ceux de la mère et du chien (!) du héros. Le récit polyphonique est émaillé de clins d’œil pertinents à l’actualité, comme Beschon les goûte, convaincu qu’il est que « nous découvrons la genèse de notre propre histoire à travers ce destin extraordinaire ». C’est dynamique, efficace, souvent drôle. Un théâtre engagé, populaire au meilleur sens du terme, très vivant. Reste à espérer que le collectif trouvera des salles où le montrer."
FRED ROBERT Mai 2016
Travailleur de la nuit, création du collectif Manifeste Rien, mes Jeremy Beschon, a été représenté aux Archives départementales (Marseille, 3ème) le 22 avril