Ces ateliers s’inscrivent dans le processus de travail de « la marseillaise et cætera », pièce de théâtre du collectif Manifeste Rien, nourrie des témoignages recueillis et point de départ de l’enquête menée par la chercheuse. Cette enquête a également été présentée sous forme de conférences (en écoute en ici), intitulées « La Marseillaise, le modèle national à la lumière de parcours individuels », qui ont été données à l'invitation du Musée d'Histoire de la Ville de Marseille, de l'association Approches, Cultures et Territoires, ainsi qu'aux Archives Départementales 13 avec des lycéens et lycéennes.
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Identité et mémoire au regard du modèle républicain
L’identité républicaine est un modèle d’identification et d’appartenance dont il est difficile de débattre sans heurter nos limites affectives et morales. Or sa déconstruction et son analyse sont nécessaires car l’identité républicaine fonctionne comme un modèle unique d’identification à la Nation et étouffe la multiplicité des éléments qui font le sujet social. Ainsi, toute « irrévérence » aux symboles nationaux devient une mise en danger de la Nation et ce, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’individus d’origine étrangère. Pourtant, l’histoire des sifflets de la marseillaise montre une réalité inverse : les sifflets sont moins le symptôme d’un malaise identitaire que l’opportunité pour le pouvoir de rassembler autoritairement un peuple contre un autre (l’étranger, l’immigré) dans un contexte d’affaiblissement du lien social national. Dans un contexte d’extrémisation de la vie politique et des idées, dans un quotidien de mise en concurrence permanente des individus entre eux et dans une économie récessive, il est urgent de repenser le modèle national à la lumière de son instrumentalisation historique et politique et de le confronter à la parole de ceux qui ne sauraient s’y adapter.
Les ateliers se proposent d’initier les élèves et/ou habitants à une réflexion critique sur la Nation et l’identité à partir d’un regard anthropologique propice à la reconstitution par le bas des grandes catégories qui fondent leur discours et leurs pratiques. En suivant le même angle d’approche que la pièce « La marseillaise et cetera », les ateliers partiront de faits médiatiques relatifs aux symboles nationaux et à leur médiatisation politique. Une initiation au regard anthropologique et une mise en perspective socio-historique guideront les élèves dans l’analyse des imaginaires nationaux et identitaires constitutifs du discours. L’introduction de paroles individuelles - les unes recueillies pour la pièce et l’enquête ; les autres récoltées auprès des élèves et/ou habitants lors de l’atelier - complètera l’exercice.
Comment reconstituer un récit scientifique à partir de segments du réel ? Une initiation au regard ethnographique, à l’analyse, comprenant une production de travaux personnels.