LES MONSTRES QUI SOMMEILLENT
« L'assaut est une sorte de fable aride sur le destin du genre humain, quand l'Etat piétine ses rêves et ses projets... »
Reinaldo Arenas.
Direction et réalisation : Jean Battiste Couton et Amandine Bouche
sur une idée de Olivier Boudrand
Avec : Claudie Rouillard, Vincent Guis, Catherine Suty.
Et la voix de Olivier Boudrand (film 1)
A la Distillerie - lieu de création théâtrale.
L'Assaut est le roman ubuesque d'une dictature cruelle, futuriste et archaïque. Par le biais d'un témoin unique, nous parcourons les méandres d'une société basée sur le châtiment corporel, la mauvaise fois et la bêtise.
Sous le regard cynique du héros, "les citoyens" forment une masse gluante, grouillante et risible qui n'éveille aucune pitié. Aucun salut, aucune rébellion ne semble pouvoir rendre à ces hommes leur humanité et leur droit à la parole. En nous plaçant du côté d'un pouvoir arbitraire, Arenas nous montre comment déshumaniser le peuple et effacer toute idée de solidarité et de singularité. Des thèmes qui nous semblent malheureusement encore d'actualité.
«Le camp est l’espace qui s’ouvre lorsque l’état d’exception devient la règle.» Giorgio Agamben.
L’univers que nous décrit Arenas ressemble trait pour trait à un gigantesque camp de concentration. Humiliation, horreur, peur, anéantissent toute conscience et toute
personnalité jusqu’à l’apathie la plus absolue. Ainsi les habitants de ce pays innomé apparaissent monstrueux, ni homme ni bête. Figures monstrueuses aux vies indignes d’être vécues, dénuées de
parole chez lesquels rien ne semble se passer.
Suite à une atelier mené à La Distillerie d'Aubagne en octobre 2010 avec un petit groupe d'amateurs nous avons réalisé une
série de vidéos ; portraits et scènes de groupe.
L’objet de cet atelier était d’explorer ce qui se passe chez le monstre, l’indigent, celui que la société rejette et par
lequel pourtant elle définie ses normes.
A la lumière des descriptions faîtes par Arenas, nous avons cherché à dégager en groupe les éléments qui, dans nos
comportements, attitudes et paroles, révèlent notre monstruosité.
Utilisant le regard de l’autre et le regard sur soi que permet l’enregistrement vidéo, nous sommes parti de petits détails, failles imperceptibles, réflexes irrépressibles, qui apparaissent lorsque l'on se montre.
Ce qui nuit normalement à une « bonne » présentation de soi a été porté jusqu’à la caricature la plus extrême pour créer un répertoire d’attitudes monstrueuses.
Ces esquisses de monstres ont prit ensuite la parole devant la caméra pour, avec les mots d’Arénas, nous décrire leurs
pareils.
Nous avons ainsi isolé de la masse certains des monstres de l'Assaut, tentant de faire jaillir de ces figures pathétiques
et déhumanisées le
p eu de vie, de passion et de
sentiment qu'il reste après que l'arbitraire et la paranoïa d'un pouvoir totalitaire les aient broyées.
Contact : battistec@gmail.com