10 Janvier 2022
À la fin des années 1990, Pierre Bourdieu s’étonnait que « les conditions d’existence les plus intolérables puissent si souvent apparaître comme acceptables et même naturelles ». Il questionnait notamment l’assentiment à la domination masculine et nous invitait à interroger les rapports hommes/femmes, lesquels régissent des rapports hommes/hommes et femmes/femmes.
Si les sciences sociales permettent de conceptualiser les rapports de domination, le théâtre a lui le pouvoir de les mettre à jour avec humour et dérision. En novembre 2021, nous avons ainsi conviés lycéens et familles des quartiers populaires à venir voir les pièces « Homo ça coince... » et « la Domination masculine », qui se sont respectivement jouées au Théâtre de l’Œuvre à Marseille et au cinéma le Méliès à Port-de-Bouc. En amont des représentations, notre médiatrice socioculturelle, Vanessa Pedrotti, s’est rendue dans les lycées professionnels de Jean Moulin et de Charles Montgrand à Port-de-Bouc, ainsi que dans plusieurs structures sociales de Marseille (centres sociaux de Frais Vallon, Maisons pour tous de la Maurelle, des Caillols, de la Vallée de l’Huveaune et Centre d’éducation populaire Valdocco...) pour faire parler les quotidiens des usagers et tenter d’y déceler les situations où l’on domine et l’on est dominé, où l’on stigmatise et l’on se sent stigmatisé, et parfois même sans en avoir conscience.
En plus d’avoir été des occasions de visiter les coulisses de la domination masculine, ces ateliers ont, à l’instar des pièces, ouvert une réflexion sur la place des identités hétérosexuelles et homosexuelles, masculines et féminines, dans nos sociétés.