6 Octobre 2010
Collectif MANIFESTE RIEN
LES MONSTRES QUI SOMMEILLENT
« L'assaut est une sorte de fable aride sur le destin du genre humain, quand l'Etat piétine ses rêves et ses projets. L'assaut est peut-être le roman le plus cruel, le plus antirhétorique du siècle. » Reinaldo Arenas.
L'Assaut est le portrait ubuesque d'une dictature cruelle, futuriste et archaïque. Par le biais d'un témoin unique, nous parcourons les méandres d'une société basée sur le châtiment corporel, la mauvaise fois et la bêtise. Sous le regard cynique du héros, "les citoyens" forment une masse gluante, grouillante et risible qui n'éveille aucune pitié.
Aucun salut, aucune rébellion ne semble pouvoir rendre à ces hommes leur humanité et leur droit à la parole.
En nous plaçant du côté d'un pouvoir arbitraire, Arenas nous montre comment déshumaniser le peuple et effacer toute idée de solidarité et de singularité. Des thèmes qui nous semblent malheureusement encore d'actualité.
« Le camp est l’espace qui s’ouvre lorsque l’état d’exception devient la règle. »
Giorgio Agamben.
L’univers que nous décrit Arenas ressemble trait pour trait à un gigantesque camp de concentration. Humiliation, horreur, peur, anéantissent toute conscience et toute personnalité jusqu’à l’apathie la plus absolue. Ainsi les habitants de ce pays innomé apparaissent monstrueux, ni homme ni bête. Figures monstrueuses aux vies indignes d’être vécues, dénuées de parole chez lesquels rien ne semble se passer.
L’objet de cet atelier sera justement d’explorer ce qui se passe chez le monstre, l’indigent, celui que la société rejette et par lequel pourtant elle définie ses normes.
A la lumière des descriptions faîtes par Arenas, nous chercherons à dégager en groupe les éléments qui, dans nos comportements, attitudes et paroles, révèlent notre monstruosité.
Utilisant le regard de l’autre et le regard sur soi que permet l’enregistrement vidéo, nous partirons de petits détails, failles imperceptibles, réflexes irrépressibles, qui apparaissent lorsque l'on se montre. Ce qui nuit normalement à une « bonne » présentation de soi sera porté jusqu’à la caricature la plus extrême pour créer un répertoire d’attitudes monstrueuses.
Ces esquisses de monstres prendront ensuite la parole devant la caméra pour, avec les mots d’Arénas, nous décrire leurs pareils.
Empruntant à l’esthétique de la photographie aliéniste du XIXème siècle, cette série de portraits s’intégrera à la future adaptation scénique de l’Assaut.`
INTERVENANTS:
> Amandine Bouche: Scénariste et réalisatrice.
> Jean-Battiste Couton : Metteur en scène et auteur.